100 CLICHÉS (à l'hôpital)

Notre participation à un concours photo organisé par la Ferme du Vinatier. Le sujet : déconstruire les stéréotypes sur la maladie mentale, plus largement sur la singularité.

Le projet 100 clichés a bien secoué le Collectif.

Ça nous a questionné sur notre identité, en tant que personnes et en tant que collectif. Les réflexions ont tourné autour de la norme et ce qu’elle a de brutal. Du regard social qui vous pousse à la conformité, ce qui est douloureux quand vous n’êtes pas conforme.

L’expo finale est magnifique. Ce sont 12 photos, prises par des patients, des soignants, des proches de personnes concernées. Dont trois diptyques du Collectif !

La sélection finale par le jury du concours, loin d’une imagerie mièvre type “campagne de sensibilisation”, ou d’une esthétique de la souffrance, est une construction subtile, qui préserve la parole fragile des photographes, et donne à voir une réalité complexe. Un début de réponse à nos questionnements.

Paroles de Flous :

Faire des Photos, ça me rend plus libre. J’ai moins peur du regard des gens.
L’hôpital c’est un endroit mystérieux. C’est impressionnant, c’est discret. Je croyais que c’était froid comme un hôpital. Moche. Le Vinatier, ça m’a surpris.
Sur ma photo il y a des gens qui rient. Ils sont sincères et heureux.
Valérie, je la connais depuis longtemps. Je l’ai jamais vue rire comme ça. Ça m’a rendue heureuse comme eux.
J’ai trouvé ce concours super. Il montre des gens qui sont eux-mêmes et qui peuvent rire.
Et quand ma photo a été sélectionnée, j’ai été fière. Pas si nulle que ça. Je raconte des choses intéressantes.
Laurence Lamy (auteure de la photo : les trois rieurs)

J’aime faire des photos. J’aime Jérôme.
Et j’aime faire des photos de Jérôme.
C’est tout.
Jérémy Fafournoux (auteur des photos : le jeune homme allongé, les fenêtres, la femme à la cigarette)

Je m’appelle Valérie, j’ai 45 ans et je pratique la photographie depuis fin septembre 2017 au sein du Collectif des Flous Furieux. Mon père, qui n’a pas connu la révolution du numérique, était photographe amateur et développait lui-même ses photos. C’est pour mieux connaître cet univers qui m’attire depuis l’enfance que j’ai rejoint le Collectif.
La pratique de la photographie m’apporte beaucoup, notamment au niveau du stress. Celui-ci retombe rapidement lorsque j’ai mon appareil dans les mains. En effet, quand je fais des photos, je me concentre sur ce que je veux exprimer et sur la façon que je pense être la meilleure pour le faire.
Ce concours, c’est un thème qui m’intéresse, la différence, le fait d’être différent. C’est quoi la différence ? Être différent, c’est être comme les autres.Ça m’a questionné sur la maladie psychique. Dans certaines cultures, on ne considère pas cela comme une maladie mais plutôt comme une parole à écouter, un signe. Pourquoi chez nous on veut soigner les gens différents ?
Ça m’a permis de rencontrer d’autres Flous, qui ont une différence qui me ressemble. J’ai apprécié de les rencontrer, j’ai appris beaucoup de choses dans cette rencontre.
Je suis très contente d’avoir une photo sélectionnée. Deux en fait : une que j’ai prise et une sur laquelle je pose.
Avant, c’était hors de question d’être prise en photo. Ça l’est toujours d’ailleurs. Mais là, ça allait. J’étais détendue. Je riais. Avec des copains, tout juste rencontrés. Le moment était fort, et la photo est liée à un bon souvenir. Alors ça me dérange pas qu’elle soit exposée. Ça me plait même.
Valérie la Floute (auteure de la photo : reflet de la croix de la chapelle du Vinatier)